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Photo du rédacteurRadidja Cieslak

La catastrophe climatique vue par les jeunes activistes africains

Les effets du changement climatique frappent déjà de plein fouet les pays africains. Face à cela, deux jeunes activistes africains se mobilisent : Yerro Sar au Sénégal et Adenike Oladosu au Nigéria. Il y a urgence à sensibiliser à l’écologie, mais il est aussi crucial d’alerter les institutions mondiales. Ils déplorent l’absence de discussions sur l’Afrique dans les débats internationaux, alors que sa situation est alarmante. #Lheureafrique


Article par Radidja Cieslak, dans le cadre du projet L'heure Afrique porté par Sparknews





La COP 28 fut l’occasion pour les pays présents de convenir d’une transition “hors des énergies fossiles” qui soit “juste, ordonnée et équitable“. Les termes sont cruciaux, car tous les pays du monde n’émettent pas la même quantité de CO2. Le continent africain produit seulement 4% des émissions mondiales de gaz à effet de serre, chiffre dérisoire compte tenu de son poids démographique : 17% de la population mondiale y vit. Or, le continent est actuellement déjà très impacté par les changements climatiques : érosion des sols, montée des eaux, et augmentation de la désertification. Face à cela, de jeunes militants s’engagent pour sensibiliser sur ce sujet. Mais à les entendre, il ne s’agit plus simplement d’informer. Les populations subissent ces changements dans leur vie quotidienne, et l’instabilité économique empêche la mise en place rapide de solutions. Il faut des outils concrets pour réfréner les conséquences du réchauffement climatique. 


Des pays lourdement atteints


Au Sénégal, Yerro Sar (https://linktr.ee/yero25) , 21 ans, s’inquiète pour les populations sur le littoral. “Des villages entiers sont déjà submergés. A Saint-Louis où les habitants vivent de l’agriculture, les sols sont de moins en moins cultivables, à cause de canicules de plus en plus importantes.” détaille-t-il. Porteur du mouvement Fridays For Futur au Sénégal, (initié par la militante Greta Thunberg au Danemark) ce jeune étudiant en sciences s’inquiète des ravages du changement climatique.


“Il y a déjà des réfugiés climatiques, des personnes qui ont tout perdu. Et ça va continuer de s’aggraver dans les prochaines années.” 

Même son de cloche dans les propos d’Adenike Oladosu, 29 ans, porteuse du mouvement Friday For Futur au Nigéria. “Les points d’eaux s’assèchent de plus en plus, On arrive à un point où les dommages risquent d’être irréversibles", explique-t-elle. La militante se dit également éco-féministe. La catastrophe écologique impacte directement les femmes. Par exemple, avec la disparition des sources d’eau potable, elles doivent effectuer des déplacements de plus en plus longs. C’est éreintant et c’est aussi une mise en danger pour elles.”. La jeune femme pense également que les déséquilibres climatiques impactent les régimes politiques : ”Tout es lié !  S’il y a moins de ressources, il va y avoir encore plus de tensions géopolitiques, et nos démocraties risquent d’être encore plus atteintes.”.


Adenike Titilope, activiste et écofeministe, fondatrice de la branche nigérienne de Fridays for Futur, lors d'une intervention, 6 octobre 2021 (Crédits : Adenike Titilope)



Des actions ciblées et efficaces


Les mesures de la COP 28 seront-elles tenues vis-à-vis de l’Afrique ? Un Fond de pertes et dommages doit être créé, et des financements, accordés. Seulement, ces mesures se retrouvent chaque année dans les rapports de la COP, sans évolution visible. L’Afrique n’aurait obtenu en 2022 que 15 à 30 % des financements nécessaires pour ses besoins d’adaptation face au changement climatique, selon la Banque africaine de développement. “Dans ces institutions internationales il y a un double-standard : elles soutiennent les industries polluantes pour des intérêts économiques, et disent quand même avoir des actions écologiques” explique Adenike Oladosu. La jeune femme sait tout à fait de quoi elle parle, puisque, en 2019, elle a pris part à la COP 25. Déléguée de la jeunesse nigérienne, et y a fait un discours sur l’impact du changement climatique. “Bien sûr, la COP devrait avoir un vrai impact et soutenir les populations dans la transition énergétique.”. Mais depuis son intervention, pas de changement visible. Yerr Sar ajoute :


“L’Afrique est mise de côté dans les discours sur le changement climatique. On ne s’intéresse pas aux problématiques propres à ces pays.”

Et puisque la scène internationale reste peu impliquée dans les débats, ces activistes tentent d’alerter les dirigeants africains, mais aussi la population : “Il faut aussi donner des outils aux gens pour se préparer à ce qui vient”, conclut Yerro Sar. “Parfois, les gens ne sont pas très réceptifs à ce discours. Dans mon pays, où les gens sont très croyants, il est parfois compliqué pour eux de considérer ces catastrophes climatiques comme la conséquence de l’activité humaine. Ils vont considérer que c’est la volonté divine. D’où l’importance d’échanger, notamment auprès des jeunes générations.". 


Yero Sarr, activiste et fondateur de la branche sénégalaise de Fridays for Futur, Ifrad Forum, 7/12/2022 (Crédits : Yero Sarr)


Pour Adenike Oladosu, la priorité est également d’éduquer les gens : “J’ai moi-même eu ce déclic à ce sujet durant mes études en sciences et agriculture. C’est pour cela que je suis en mesure de militer et de trouver des solutions.” Pour sensibiliser, la jeune femme se rend régulièrement dans les institutions nationales, les écoles, et toutes les structures qui lui permettent de délivrer son message. Elle s’adresse notamment aux femmes nigériennes qui pratiquent l’agriculture (https://www.womenandcrisis.com/2022/08/womens-ability-to-use-and-control.html?m=1), afin de leur donner des outils concrets pour réduire l’usage de produits chimiques et lutter contre les dégâts du réchauffement climatique. Elle crée également un blog à but informatif (www.womenandcrisis.com). De son côté, Yero Sarr multiplie les interventions afin d’alerter, mais propose également des “marches climatiques”, comme le 4 novembre dernier à Dakar. Finalement, les deux activistes s'accordent sur le fait qu’il ne faut pas attendre une aide providentielle venant d’ailleurs. Il faut plutôt agir localement, et surtout, rapidement


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